La transition énergétique est aujourd’hui au cœur des préoccupations industrielles et gouvernementales. Pour répondre aux objectifs climatiques tout en soutenant l’activité économique, un double levier d’action a été mis en place, tel que l’a exposé Antoine Beauvois, Délégué général adjoint | CSF Nouveaux Systèmes Énergétiques lors de notre table ronde d’experts. Ce dispositif combine à la fois des engagements institutionnels formalisés et des outils opérationnels concrets, avec en ligne de mire la décarbonation des filières industrielles et le développement de l’éco-conception.
Pour en savoir plus sur le nouveau contrat stratégique de filière « Nouveaux systèmes énergétiques » pour 2024-2027 récemment signé.
Premier pilier de cette stratégie : la signature de contrats sectoriels entre l’État et les filières industrielles. Ces documents, renouvelés tous les trois ans, constituent un cadre d’engagement réciproque. Loin de rester symboliques, ils prévoient des actions précises telles que :
• Lancement de nouvelles usines dédiées aux technologies bas carbone ;
• Création de plateformes de mise en relation entre acteurs économiques ;
• Déploiement d’aides publiques ciblées pour accélérer les investissements.
Ces contrats renforcent ainsi le lien entre politique publique et performance industrielle. S’ils se concentrent principalement sur la réduction des émissions de CO₂, ils intègrent aussi progressivement des objectifs d’éco-conception, témoignant de la montée en puissance de cette approche dans les politiques de transition.
En structurant les efforts autour d’axes précis, ces accords facilitent la planification industrielle et sécurisent les investissements sur le long terme. Ils constituent aussi un outil puissant pour la réindustrialisation locale, en réduisant la dépendance aux importations tout en créant de nouvelles chaînes de valeur.
Le deuxième levier repose sur la création d’outils numériques et d’accompagnement dédiés à la transformation énergétique des entreprises. Une plateforme digitale innovante permet ainsi de mettre en relation les porteurs de solutions énergétiques avec les industriels en quête de technologies efficaces pour réduire leur empreinte carbone ou optimiser leur consommation d’énergie.
Cet outil favorise un écosystème agile, capable de :
• Diffuser rapidement les innovations auprès des entreprises ;
• Identifier les solutions adaptées à chaque secteur ;
• Favoriser les synergies intersectorielles, par exemple entre l’énergie, l’automobile et l’aéronautique.
En parallèle, un programme d’accompagnement des compétences industrielles a été mis en place. Son objectif : mobiliser les expertises de filières technologiques matures (comme l’automobile ou l’aéronautique) pour les transférer vers les nouveaux besoins du secteur énergétique.
Cette démarche permet à la fois de pallier les manques de compétences spécifiques et d’accélérer l’innovation industrielle autour de l’énergie, en mutualisant les savoir-faire.
En combinant contrats structurants et outils d’innovation, l’approche présentée par Antoine Beauvois contribue à :
• Diversifier les débouchés pour certaines filières industrielles ;
• Ancrer localement les processus de production ;
• Réduire la dépendance aux importations de technologies.
Ce modèle d’action repose sur une cohérence réglementaire, dans un contexte où les normes environnementales évoluent rapidement. Il invite aussi les acteurs économiques à repenser leur stratégie autour de la valeur locale et de la résilience industrielle.
L’émergence de plateformes sectorielles, la mobilisation des compétences transverses et les dispositifs d’aide étatiques dessinent une transition énergétique non seulement ambitieuse, mais aussi pragmatique et coordonnée.
Consulter les directives européennes Comission Européenne et Pacte vert sur la transition énergétique
La transition énergétique des entreprises ne peut reposer uniquement sur la bonne volonté des acteurs industriels. Elle nécessite une stratégie globale, articulée autour d’un cadre contractuel robuste et d’outils d’accompagnement efficaces.
Il devient plus que nécessaire de favoriser l’innovation, de valoriser les compétences intersectorielles et de structurer les efforts publics et privés pour enclencher une dynamique pérenne. Si l’éco-conception gagne en importance, elle s’intègre encore timidement dans ces dispositifs. Il reste donc essentiel de renforcer son rôle dans les futures stratégies industrielles pour aller au bout de la démarche de décarbonation et de performance énergétique.